Il est amusant, si pas intéressant de connaître la voie suivie par le
courrier qui devait rejoindre ou provenait des premiers européens
émigrés en Afrique centrale durant le dernier quart du XIXe siècle.
Un manque évident de documentation ne permet que difficilement de reconstituer le mouvement
des bateaux qui reliaient l'Europe à l'Afrique. Certains de ces bateaux
transportent des voyageurs et du fret, d'autres uniquement du fret.
Quels sont ceux qui transportèrent de la correspondance ? Aucune
archive connue ne permet de le déterminer.
Le premier essai de reconstitution du mouvement des bateaux a été mené
à bien par Monsieur Gudenkauf.
Au moment de la constitution du Comité d'études du haut Congo, en 1879, la
partie méridionale de la côte occidentale d'Afrique n'est desservie que
par deux lignes anglaises, - la British and African Steam Navigation Cy. et l'African Steam Ship Cy.
– qui ont leur port d'attache à Liverpool. Ces deux lignes, après
s'être fait pendant quelque temps une concurrence ruineuse, s'associent
de façon à ne plus former en réalité, qu'une seule ligne. Les départs
ont lieu toutes les six semaines de Liverpool, mais les bateaux
touchent fort irrégulièrement Banana, à l'embouchure du fleuve ;
le voyage dure plus de deux mois, par suite de la lenteur des navires
et aussi à cause de la multiplicité des escales qui s'échelonnent tout
le long de la Guinée, de Sierra Léone au Nigeria.
En dehors de quelques vapeurs affrétés spécialement, ce fut,
naturellement, à ces compagnies de navigation que s'adressa le Comité
d'études du haut Congo pour l'organisation de ses transports.
Les marchandises sont expédiées d'Anvers à Liverpool pour y être
transbordées à bord des vapeurs pour le Congo. Les marchandises sont
déchargées à Banana, d'où les petits steamers du Comité d'études les
transportent à Vivi ou à Matadi. La totalité des marchandises
transportées par cette voie durant les années 1880 et 1881 ne dépassa
guère 300 à 400 tonnes annuellement. Le voyage de retour s'accomplit
dans des conditions plus déplorables encore. Sa durée dépasse parfois
soixante jours et les voyageurs attendant le steamer transporteur
séjournent souvent six semaines à la côte quand ils quittent le Congo
pour rentrer en Belgique.
La quantité de fret augmentant progressivement, l'attention des
transporteurs fut attirée vers le Congo.
Dès 1883, les bateaux de la ligne portugaise – l'Emprezanacionale – commencèrent à toucher Banana. Vers la même époque fut créée la Woermannlinie, qui envoya également ses vapeurs au Congo.
En 1886, le Comité d'études du Congo ou plutôt l'État du Congo, car
l'ancienne association venait d'être reconnue comme État indépendant à
Berlin, réussit à conclure avec l'Empreza nacionale un
arrangement provisoire en vertu duquel les bateaux de cette ligne
devaient toucher à Anvers pour y prendre les marchandises et les
voyageurs en destination du Congo. Malheureusement, ces steamers, après
leur départ d'Anvers, faisaient escale à Lisbonne durant 15 jours et la
durée totale du voyage aller s'élevait ainsi à 45 jours.
Cet arrangement introduisit pour la première fois, du moins
théoriquement, la question de la navigabilité du Congo au-delà de
Banana. L'Empreza, outre ses bateaux mensuels,
s'engagea à envoyer, en cas de besoin, trimestriellement, un bateau de
1 200 tonnes à Boma. Quoique l'ensemble des transports dépassât
200 tonnes en moyenne par mois, il n'y eut aucun départ spécial de ce
genre, car l'arrangement ne subsista que pendant trois mois. Au moment
où il allait être dénoncé à cause de des difficultés de l'escale de
Lisbonne, l'État reçut de la Compagnie gantoise de Navigation
la proposition d'établir une ligne belge de transports vers le Congo,
par la mise en service de trois vapeurs de 1 650 tonnes
environ : le Brabo, qui remonte pour la première fois le fleuve Congo jusqu'à Boma, le Lys et le Vlaanderen.
Cette courageuse entreprise ne fut pas de longue durée, car en 1888,
devant la concurrence acharnée que lui font les armements étrangers, la
Compagnie gantoise renonce et retire ses navires. En effet les steamers
eurent, au départ d'Anvers, un fret suffisamment rémunérateur, ce qui
consacra définitivement la réputation de ce port comme port de
chargement vers l'Afrique, mais au retour ils ne purent obtenir que des
cargaisons insuffisantes.
Au commencement de 1888, l'État traita de nouveau avec les anciennes
lignes anglaises. Il leur garantit tout son fret depuis Anvers jusqu'au
Congo, direct ou via Liverpool avec transbordement dans ce port, les
départs doivent avoir lieu d'Anvers chaque fois que les marchandises à
charger dépasseraient un tonnage de 500 tonnes, de Liverpool quand
cette quantité de fret ne pouvait être garantie. Dès cette époque, les
expéditions eurent assez d'importance pour que les départs d'Anvers
fussent à peu près réguliers. La durée du voyage fut fixée à 30 jours
pour les steamers partant d'Anvers. Jusqu'à ce moment, l'État
indépendant du Congo était à peu près l'unique chargeur pour le Congo.
A la fin de l'année 1888, la situation se modifie radicalement.
Dès 1887 avait été créé, à Bruxelles, la Compagnie du Congo pour le commerce et l'industrie.
Cette compagnie, de par la nature même de ses entreprises, ne pouvait
avoir à faire que des expéditions restreintes ; mais à la fin de
1888 furent créées successivement la Compagnie des magasins généraux et la Société anonyme belge pour le commerce du haut Congo, dont l'appoint permit de régulariser définitivement les départs d'Anvers. Enfin, en août 1889, fut constitué la Compagnie du chemin de fer ; en décembre, celle des produits du Congo.
Aussi, dès le commencement de 1890, les départs réguliers et mensuels,
par vapeurs anglais, emportèrent d'Anvers des chargements minimum de
1 000 tonnes.
Deux autres lignes : les Chargeurs réunis et la Prince Line se décident à toucher Anvers, tandis que la Woermann Linie vient prendre les passagers à Flessingue d'abord, à Ostende ensuite. La durée du voyage entre Anvers et le Congo est réduite alors à 25
jours.
En 1891, l'État Indépendant du Congo et quelques sociétés commerciales
passent des conventions de transport avec un syndicat formé par la British and African Steam Navigation Cy. et l'African Steam Ship Cy., toutes deux de Liverpool, et la Woermann Linie
de Hambourg. Le syndicat s'engage à expédier le 6 de chaque mois un
steamer d'Anvers à Matadi et à effectuer le trajet en 25 jours au plus
à l'aller, en 30 jours au plus au retour, ce qui constitue une sérieuse
amélioration.
Nombreux sont les Belges éclairés qui souhaitent voir nos transports
coloniaux s'effectuer sous le pavillon national ; aussi quelques
années plus tard, sous la pression de l'intérêt croissant qui se
manifeste dans le pays en faveur du Congo, un nouveau et sensible
progrès est accompli, par la création presque simultanée, au moyen de
capitaux en partie nationaux, de deux sociétés de droit belge. Il
s'agit de la Société Maritime du Congo, fondée le 20 février 1895, filiale de la Woermann Linie d'une part et de la Compagnie belge Maritime du Congo,
fondée le 24 janvier 1895, filiale de l'African Steam Ship Cy dirigé
par Elder Dempster de Liverpool d'autre part. Parmi les fondateurs de
la Compagnie belge Maritime du Congo se trouve
l'armateur et agent maritime anversois John Picard Best représentant
notamment l'African Steam Ship. J. P. Best est nommé gérant et
agent de la Compagnie. Les deux sociétés apportent chacune des navires.
La Compagnie belge maritime du Congo aligne le Coomassie assez âgé et le tout nouveau Léopoldville 1 tandis que la Société Maritime du Congo aligne l'Eduard Bohlen qui sera remplacé rapidement par le Bruxellesville 1. Un service mensuel sous pavillon belge, est organisé en commun, et le Léopoldville 1, vapeur de 3 363 tonnes, l'inaugure le 6 février 1895 en arrivant au Congo vingt jours après avoir quitté Anvers. L'Eduard Bohlen part le 6 mars et le Coomassie le 6 avril.
Au cours des années qui suivent, l'augmentation sensible du trafic
résultant de la création de nombreuses sociétés commerciales
belgo-congolaises et l'amélioration des moyens de déchargement au
Congo, permettent aux deux organismes de se développer rapidement.
Aussi, dès 1900, des départs furent-ils organisés le 1er et le 16 de
chaque mois au moyen de six vapeurs : Albertville 2 de 3 805 tonnes, Anversville1 de 3 897 tonnes, Léopoldville 2 de 3 963 tonnes, Stanleyville1 de 4 051 tonnes, Bruxellesville de 3 900 tonnes et Philippeville
de 4 091 tonnes. Cette fréquence doit bientôt être abandonnée,
faute de trafic suffisant. Par ailleurs, une certaine réaction dans la
prospérité coloniale s'étant manifestée, réaction due entre autres
causes à la lenteur du développement de l'outillage du port de Matadi
et des ports fluviaux, la Société Maritime du Congo se retire le 3
avril 1901. La Compagnie belge maritime du Congo restée seule, continue
le service avec trois vapeurs et des départs réguliers toutes les trois
semaines. Pour augmenter le confort des passagers et répondre en même
temps aux nécessités d'un trafic constamment croissant, ces vapeurs
sont promptement remplacés par des navires plus grands et plus
modernes. En même temps la durée du voyage est réduite à 19 jours, les
escales étant La Pallice, Ténériffe, Dakar, Conakry, Sierra Léone et
Boma.
En 1910, après que l'État Indépendant du Congo devint la
colonie du Congo belge ; un groupe de capitalistes belges ayant à
sa tête le colonel Thys, qui fut près du Roi Léopold II un des
artisans les plus actifs et les plus perspicaces de la colonisation
congolaise, entreprend, mû par un sentiment élevé de patriotisme, la
nationalisation de la ligne qui relie la Colonie à la Mère patrie. Par
un accord avec l'armement anglais, la Compagnie belge maritime du Congo,
qui, jusqu'alors, n'avait été entièrement belge que de nom, passe en
totalité sous un contrôle belge. L'Agence maritime Walford est créée à
Anvers le 24 juillet 1902, notamment par le colonel Thys. Thys siège au
Conseil de l'Agence en compagnie de J. P. Best ce qui explique que
la gérance de la Compagnie fut confiée à cette dernière le 1er février
1911.
Soucieuse de l'amélioration constante de l'important service
qu'elle assume la Compagnie décide l'abandon des escales de Ténériffe
et de Freetown (Sierra Leone), pour ramener la durée du voyage à 18
jours. En même temps elle commande deux nouveaux vapeurs, l'un, l'Albertville 4 de 7745 tonnes, lancé en juin 1912 par les chantiers Cockerill à Hoboken, l'autre, l'Anversville 2 de 7 694 tonnes, livré en août 1912 par les chantiers de MM. Alex. Stephen & Sons Ltd à Glasgow. L'Albertville 4, l'Anversville 2 et l'Élisabethville 1,
ce dernier de 7 017 tonnes, construit en 1911 par les chantiers
Stephen, constituent dès 1912, un groupe homogène de vapeurs rapides à
deux hélices. Cette flotte se complète au Congo par le remorqueur
Colonel Thys, de 220 tonnes, construit cette même année dans les
chantiers de MM. Boele et Pot, à Bolnes (Pays-Bas), par six allèges de
haute mer et par quatre chalands de rivière afin d'alléger, aux basses
eaux, les paquebots avant qu'ils ne s'engagent dans l'estuaire maritime
en aval de Boma. Les départs ont lieu régulièrement d'Anvers, toutes
les trois semaines.
En 1914, l'invasion du Pays oblige la Compagnie
à transporter son organisation en Angleterre, dans les bureaux de
l'Agence Maritime Walford, à Londres et dans ceux de Elder Dempster Cy
Ltd., à Hull. A partir de 1915, la Compagnie aligne ses trois paquebots
sur la relation Grande Bretagne - Congo d'abord au départ de Liverpool.
Les paquebots prennent ensuite Hull comme point de chargement et de
déchargement des marchandises. L'embarquement des passagers ainsi que
leur débarquement a lieu à Falmouth.
Pendant toute la durée de la
guerre, la Compagnie assure des relations aussi régulières que
possibles avec le Congo belge qui, déjà en plein essor, rend aux Alliés
les plus précieux services. Ses navires transportent, outre le trafic
ordinaire, une bonne partie des 700 officiers et sous-officiers envoyés
d'Europe en Afrique pour renforcer la Force publique, pendant les trois
années que dure la campagne contre les Allemands dans cette partie du
monde, ainsi que des approvisionnements considérables de matériel
hospitalier, de médicaments, de vivres pour Européens et Noirs,
d'objets d'habillement, de campement, d'équipement, de munitions,
d'armes, d'outils, et rapporte à la Grande Bretagne du cuivre, du copal
et des oléagineux. Mais la Compagnie belge maritime du Congo paye un lourd tribut à la guerre sous-marine : son vapeur Élisabethville est torpillé le 6 septembre 1917, au large de Belle-Île (île de Bretagne en face de Quiberon) par un sous-marin ennemi.
Dès
la fin des hostilités, en 1918, se posent d'importants problèmes :
celui du rétablissement des relations normales de la mère patrie avec
sa Colonie ainsi que l'évacuation rapide des stocks énormes de produits
coloniaux accumulés en Afrique, dont l'arrivée en Belgique est
indispensable au prompt relèvement de notre industrie. Résolument, les
dirigeants de la Compagnie prennent les mesures nécessaires. Dès 1919,
ils confient sa gérance à l'Agence maritime internationale,
puissant organisme créé le 3 mars de cette même année qui reprend les
activités de l'Agence maritime Walford. L'Agence maritime
internationale gère les actifs ainsi que les agences à l'étranger de la
Compagnie belge maritime du Congo. En même temps que les relations
maritimes entre Anvers et le Congo se développent par l'acquisition
successive de trois navires de charge, l'Uromi de 941 tonnes rebaptisé Kinshasa, le Mateba de 5 500 tonnes et le Matadi de 3 097 tonnes, navires qui seront transférés à la Compagnie africaine de navigation lors de sa fondation le 31 janvier 1920 et également gérée par l'Agence maritime internationale ; l'Albertville 4, vendu à un armement étranger, est remplacé en 1922 par un magnifique navire, l'Élisabethville 2
de 8 178 tonnes, construit au chantier naval John Cockerill, à
Hoboken. L'année suivante, en 1922, le superbe Thysville 1
de 8176 tonnes, également construit à Hoboken, vint prendre rang parmi
les navires de la Compagnie, dont l'effectif s'est renforcé dans la
suite du Stanleyville 2 de 6612 tonnes, construit en 1920 à Clydebank (Grande-Bretagne), chez J. Brown & Co.
Les
résultats de ces mesures énergiques ne se font pas attendre : les
ports du Congo, tant fluviaux que maritimes furent
décongestionnés ; les transports, aussi bien ceux des passagers
que ceux des marchandises, reprennent dans les meilleures conditions.
Ainsi, en même temps que s'accroît l'importance de la Colonie dans la
vie économique de la mère patrie, s'accroît aussi l'importance du rôle
joué par la Compagnie belge maritime du Congo. Devenue un des
principaux armements nationaux, elle décide d'augmenter encore le
nombre de ses unités et passe commande, aux Ateliers et Chantiers de la
Loire, à Saint-Nazaire, d'un important et somptueux navire de
10 387 tonnes : l'Albertville 5, puis au chantier naval John Cockerill, à Hoboken, l'ordre de mise sur cale d'un navire presque semblable : le Léopoldville 5.
L'Albertville 5 entre en service le 28 février 1928 et la mise en ligne du Léopoldville 5 se fait en octobre 1929. Un nouveau remorqueur, le Cambier, est enfin venu s'adjoindre au Colonel Thys. Le matériel fluvial au Congo comprend en outre neuf grandes allèges, quatre petites et plusieurs baleinières.
La Compagnie africaine de navigation sera absorbée par la Compagnie
belge Maritime du Congo le 11 juillet 1929.
En
février 1930, la Compagnie absorbe le Lloyd Royal Belge qui avait été
créé le 26 juin 1916 à La Panne dans le but de transporter des vivres,
destinées à la Belgique, des États-Unis vers les ports neutres,
essentiellement hollandais. A l'issue de la guerre, le Lloyd Royal
remplace les armements allemands qui ne desservent plus Anvers. La
Compagnie dont la raison d'être est la liaison avec le Congo devient le
premier armement national et diversifie ses activités en ouvrant des
lignes vers l'Amérique. Son appellation est modifiée en Compagnie Maritime Belge (Lloyd Royal).
C'est
la crise économique et la Compagnie ne commande aucun paquebot durant
les années trente si ce n'est, avec l'aide de l'État, le luxueux Baudouinville 1
en 1937. Ce dernier, livré en 1939, ne pourra effectuer que trois
voyages avant la seconde guerre mondiale durant laquelle il aura une
triste fin.
Lors de l'invasion de la Belgique par les Allemands le
10 mai 1940, la Compagnie donne immédiatement l'ordre aux bateaux se
trouvant à Anvers de quitter le port et de se rendre dans les ports
français faisant plus confiance en la capacité défensive de ces
derniers qu'à celle des Anglais. L'Élisabethville 2, l'Albertville 5 et le Baudouinville 1
quittent Anvers avec comme passagers la direction et le personnel de la
Compagnie. Les navires vont à La Pallice puis à Bordeaux. La marine
française réquisitionne l'Albertville 5 et l'envoie au Havre où il est coulé par l'aviation allemande. Le Baudouinville 1
reste dans le port de Bordeaux. Par après il sera transféré à Nantes où
il sera sabordé le 10 août 1944 par les Allemands en déroute. L'Élisabethville 2
arrive à La Pallice le 14 mai et repart le 6 juin pour la Grande
Bretagne. A ce tribut déjà assez élevé il faut ajouter 294 marins qui
périrent, le Léopoldville 5 torpillé le 24 décembre 1944 et savoir que 23 des 31 navires de la flotte seront perdus.
Pendant les quatre premiers mois de la guerre la ligne Grande-Bretagne - Congo sera assurée notamment par le Léopoldville 5 et celle du Congo vers les États-Unis, où plusieurs sociétés commerciales ont établi leur siège commercial, par l'Élisabethville 2 et le Thysville.
Le 20 septembre 1940 toute la flotte sera réquisitionnée et les trois
paquebots serviront de transport de troupes. Le premier paquebot, le Thysville n'accostera à Anvers, à la fin de la guerre, que le 23 septembre 1945.
A la libération la Compagnie dispose de sept navires parmi lesquels deux paquebots l' Élisabethville 2 et le Thysville.
Les problèmes de 1945 sont identiques à ceux de 1918. La colonie manque
de biens d'équipement et d'énormes quantités de marchandises doivent
être acheminées vers la Belgique. De nombreux coloniaux désirent
rentrer au pays alors que leurs remplaçants attendent leur départ vers
la colonie. En 1945, la Compagnie assure seize voyages vers le Congo.
Mais cela n'est pas suffisant, c'est pourquoi trois cargos l'Alex Van Opstal 2, l'Armand Grisar et le Gouverneur Galopin ainsi que deux navires Victory, le Steenstraete et le Tervaete sont transformés pour transporter des passagers. La ligne du Congo est renforcée également grâce au Mar del Plata et au Copacabana, navires
destinés initialement à la ligne vers l'Amérique. La ligne du Congo est
rouverte le 25 octobre 1945. Parallèlement et dès août 1945, la
Compagnie commande trois paquebots de 10 350 tonnes chacun chez
Cockerill à Hoboken. Il s'agit de l'Albertville 6 et du Léopoldville 6 mis en service en 1948 et de l'Élisabethville 3
mis en service en 1949. Ces nouveaux navires peuvent faire la traversée
en deux semaines contre trois avant guerre. En 1948, la Compagnie
commande auprès de Cockerill deux nouveaux paquebots mixtes qui peuvent
transporter 216 adultes et 24 enfants, le Baudouinville 2 qui sera mis en service en 1950 et le Charlesville qui sera mis en service en 1951. En 1947, la ligne du Congo étant normalisée le Copacabana et le Mar del Plata sont réintroduits sur la ligne de l'Amérique et en 1949 ce sont les Steenstraete et le Tervaete qui sont retirés. Les paquebots à vapeur Thysville 1 et Élisabethville 2, rescapés d'avant guerre, sont vendus.
En 1952, le Copacabana et le Mar del Plata sont réintroduits sur la ligne du Congo vu le succès de celle ci.
En 1953, la Compagnie commande deux nouveaux paquebots, le Jadotville de 13 724 tonnes, aux Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire (Penhoët - France) et quelques mois plus tard le Baudouinville 3
de 13 876 tonnes à Cockerill. Ce sera le dernier avant
l'indépendance du Congo survenant en 1960. Ces bateaux mus par des
turbines à vapeur qui permettent d'atteindre dix-sept nœuds peuvent
transporter 325 passagers. Ils seront respectivement mis en service en
1956 et 1957.