Histoire postale : Leverville, province de Léopoldville
Rendre
l'hygiène accessible à tous, soulager la vie des femmes et contribuer à
la beauté et au bien-être des personnes qui utilisent nos produits.
(William Lever 1885) William Lever est le septième enfant d'une
famille qui comptait déjà six filles. Son père était grossiste en
épicerie. A seize ans son père le retire de l'école et le fait
travailler dans l'entreprise familiale au salaire de 1 shilling
par semaine. Cinq ans plus tard il en fait son associé. Vers 1880,
Lever s'ennuie et commence à explorer les possibilités d'expansion de
la société dans d'autres secteurs. Il décide finalement de se
spécialiser dans la production de savon. Il fonde pour ce faire, avec
son frère cadet, la firme Lever Brothers à Warrington où il a racheté
une ancienne savonnerie. Après des recherches et l'expérimentation de
divers ingrédients avec l'aide d'un chimiste local, il commercialisera
du savon à base d'huile de palme, d'huile de coton, de résine et de
suif. Lever baptise son savon "Sunlight". Celui-ci a un succès immédiat. L'usine de Warrington n'étant pas assez grande pour satisfaire la
demande, Lever en construit une nouvelle, qui fonctionnera à partir de
1889, le long de la rivière Mersey dans le Cheshire. Il baptise cet
endroit "Sunlight Port". Lever veut faire de cette localité une ville
modèle. Il y construira des maisons ouvrières. Le premier contact
de William Lever avec la Belgique a lieu en 1888. A cette époque, le
Gouvernement tente de stimuler les échanges en organisant une première
exposition internationale. Présent avec ses savons, Lever y fait la
connaissance de Louis Dothey qui se fait fort de vendre les briques de
savon de ce côté-ci de la Manche. En 1889, Lever crée une agence de
vente à Bruxelles et deux dépôts à Anvers où sont stockées, importées
d'Angleterre, les caisses du savon "le plus répandu au monde". Les
résultats étant encourageants, la S. A. Savonneries Lever Frères voit
le jour en 1900 et le 8 juillet 1905 est inaugurée à Forest une
première usine. La grande aventure de William Lever passe par Bruxelles
mais elle y croise naturellement le destin du Congo. Pour contrer
l'Angleterre, des plus acharnées dans la campagne de dénigrement des
agissements des Belges au Congo, le Gouvernement tente la séduction
économique. Il fait une exception à sa politique fermée aux capitaux
étrangers et ouvre la porte à un, et à un seul, investisseur
d'outre-manche : William Lever. L'affaire comporte des risques
financiers considérables et Lever sait qu'elle ne sera pas rentable de
sitôt. Mais l'homme aime les défis et comprend tout l'intérêt de
planter lui-même au Congo des palmeraies naturelles, qui produiront les
matières premières destinées à l'usine de Forest. Les négociations pour
une concession à long terme vont bon train. En 1911, la création des
"Huileries du Congo" et de Leverville, à l'est de Léopoldville marquent
les débuts d'une des plus puissantes affaires de notre colonie.
Laquelle devra toutefois attendre la fin de la première guerre mondiale
pour pouvoir se déployer à sa juste mesure. William Lever était un grand philanthrope, ce qui lui a valu de devenir Lord de Leverhulme. D'après le supplément économique du journal "Le Soir" du 25 août 2000.