Après
de multiples expéditions dans le centre de l'Afrique, qui débutèrent
dès 1856, l'Association Internationale Africaine fut créée en 1876, à
l'instigation du Roi Léopold II. En 1878, toujours sous l'impulsion du
Roi, fut créé le Comité d'Études du Haut-Congo ; celui-ci
poursuivit l'exploration commencée précédemment avec notamment l'aide
de Stanley. Enfin en 1884, le Comité d'Etudes du Haut-Congo devint
l'Association Internationale du Congo, laquelle avait en vue l'annexion
des territoires explorés.
En 1884, un employé de l'Association
Internationale exerça d'abord à Vivi, puis à Issanghila et enfin à
Manyanga la fonction de magasinier. A ce titre, il avait des porteurs à
sa disposition chargés de transporter le courrier d'une part en
direction de Banana pour y être embarqué vers l'Europe et d'autre part
vers l'intérieur du pays. Pour ne pas faire d'erreur lors du triage des
lettres, il avait imaginé de revêtir d'un cachet de sa fabrication les
lettres destinées à l'Europe et d'un autre cachet celles qui devaient
partir "vers le haut".
Il grava trois cachets de forme
rectangulaire. Les deux premiers portaient sur leur pourtour les
inscriptions : "Association Internationale du Congo - Service
postal" et au centre soit "Homeward" (vers la maison) pour le courrier
destiné à l'Europe ; soit "Inland" (pays de l'intérieur) pour le
courrier destiné au Congo. Le troisième cachet portait "Association
Internationale du Haut-Congo - service postal" et "Inland".
Ces cachets étaient apposés, soit à même les plis, soit sur des
morceaux de lettres de change ou de cartes géographiques. Les
étiquettes ainsi formées, de couleur gris-vert ou bleu-vert pour
l'intérieur et de couleur brune ou chamois pour l'étranger, étaient
collées sur les plis. Ces cachets n'avaient aucun caractère officiel,
n'avaient aucun pouvoir d'affranchissement et ne signifiaient pas que
le port de la lettre avait été payé. Ces cachets étaient dus
entièrement à l'initiative de ce magasinier.
Les
premières lettres d'avant 1886 en provenance du Congo étaient
affranchies au moyen de timbres-poste étrangers et portaient une
oblitération de Banana. Le courrier était confié aux bateaux portugais
faisant escale à Banana, localité où les Portugais tentèrent de
s'installer.
L'Acte Général de Berlin du 26 février 1885 reconnut à l'Association
Internationale du Congo, créée à l'instigation du Roi Léopold II, le
statut d'un État souverain. Le Roi des Belges fut proclamé, le 1er
juillet 1885, Souverain de ce nouvel État, qui prit le nom d'État
Indépendant du Congo.
L’organisation d’un service postal s’imposa au Congo dès la pénétration
européenne dans le centre de l’Afrique. L’Acte général de la Conférence de Berlin du 26 février 1885 stipule
que la Convention postale universelle s’appliquera aux territoires du
bassin conventionnel du Congo.
Un décret du Roi Souverain,
promulgué le 16 septembre 1885, porte la création du service postal de
l’État indépendant du Congo et le nouvel État notifie son adhésion à
l’Union postale universelle à partir du 1er janvier 1886.
Le chargement du courrier en gare d'Élisabethville en 1935.
A la même date les premières valeurs postales sont
émises et les premiers bureaux de poste installés à Banana, Boma et
Vivi.
Le service postal s’étend ensuite vers l’intérieur du pays au fur et à
mesure de l’organisation des territoires occupés. Le bureau de
Léopoldville est créé en 1889. Dès 1896, une immense voie postale,
jalonnée par les bureaux de Coquilhatville, Nouvelle Anvers, Bumba,
Basoko, Stanleyville, Nyangwe et Albertville, établit la communication
entre la côte de l’Océan Atlantique et le lac Tanganyika, tandis que la
poste s’organise au Nord et au Sud de la ligne principale.
La
même année voit s’ouvrir les bureaux de Popokabaka au Kwango et de
Lusambo au Kasaï. Le bureau d’Ibembo, dans l’Uele, est créé en
1897 ; celui de Banzyville, dans l’Ubangi, en 1898. Au Katanga un
bureau est ouvert en 1902 à Pweto sur le lac Moero.
L’établissement de nouveaux centres administratifs, commerciaux ou
industriels nécessite d’année en année la création d’offices postaux.
Il en existait 379 au moment de l’indépendance.
Le service postal est admirablement servi par le réseau des voies de
communication dont la ligne maîtresse est constituée par le fleuve
Congo navigable sur 2 800 km et par les voies ferrées suppléant au
service de navigation là où le fleuve est coupé de cataractes. Le
chemin de fer du Katanga, relié au réseau rhodésien, prolonge vers le
Sud, de Bukama à Sakania, cette puissante artère qui se développe ainsi
sur plus de 4 300 km, dont 1 500 de chemin de fer.
De
nombreuses voies secondaires constituées en grande partie par des
rivières navigables desservent la plupart des centres situés en dehors
de l’artère principale. Le chemin de fer de Kabalo à Albertville relie
celle-ci au lac Tanganyika tandis que le chemin de fer de Port-Francqui
à Bukama permet d’atteindre le Katanga par la voie du Kasaï en évitant
la grande boucle du fleuve.
Des lignes vicinales, des routes pour
automobiles, des transports par baleinières, pirogues ou par porteurs
sont aussi utilisés pour atteindre les postes les plus reculés de
l’intérieur.
En 1960, le courrier est transporté par chemin de
fer sur 5 174 km, par bateaux sur 14 024 km, par avion sur
33 500 km de lignes intérieures, par automobiles ou camions sur
27 328 km, par cyclistes sur 5 418 km, par pirogues
et baleinières sur 535 km.
Monument aux pionniers du chemin de fer à Léopoldville
(Congo-Thill)
L’Administration dut se préoccuper dès le début de l’organisation des
courriers internationaux. Les bureaux de Banana et de Boma furent
érigés en offices d’échange et mis en relation avec les bureaux de
Bruxelles et d’Anvers.
Jusqu’en 1908, seule la voie de la côte
occidentale d’Afrique est utilisée pour l’échange des courriers avec
l’Europe. Le premier office d’échange pour l’expédition et la réception
des correspondances par la voie de l’Afrique du Sud est installé en
1908 au poste frontière de Musofi où les courriers débarqués du chemin
de fer rhodésien parviennent par porteurs. Un an plus tard le chemin de
fer pénètre au Katanga et des bureaux de poste sont établis à Sakania
et Élisabethville.
En 1910, un office d’échange frontière est
installé à Kuesi dans l’Ituri pour la transmission et la réception du
courrier via Mombasa. Ce bureau a été, dans la suite, transféré à
Kasenyi sur le lac Albert. Un autre office d’échange est créé à Aba, à
la frontière Nord, pour assurer les relations postales par la voie du
Nil. Enfin, l’achèvement du chemin de fer du Tanganyika dans l’Afrique
Orientale a permis d’organiser un service de courriers directs entre
l’Europe et Albertville.
Le déchargement des sacs postaux à Stanleyville. Chaque bateau courrier en débarque
trois ou quatre cents qui doivent être distribués dans toute la région Nord-Est.
Vers 1930, les relations postales internationales du
Congo belge se trouvent ainsi assurées par cinq voies
différentes :
par la côte occidentale ou voie nationale via Anvers, Banana, Boma,
Matadi ;
par
l’Afrique du Sud via Southampton, Cape Town, Sakania,
Élisabethville ;
par le territoire du Tanganyika via Marseille, Dar es-Salam,
Albertville ;
par l’Uganda, via Marseille, Mombasa, Kisenyi ;
par la voie du Nil, via Marseille ou Brindisi, l’Égypte, le Soudan et Aba.
Le développement des services de navigation, des voies ferrées et du
réseau routier n’a cessé d’améliorer les communications postales au
Congo. Mais le plus grand progrès a été marqué par les transports
aériens que, grâce à l’initiative du Roi Albert, les Belges furent les
premiers à organiser dans les régions tropicales.
Les essais
furent tentés au début de 1920 sur le parcours Léopoldville –
Stanleyville au moyen d’hydravions et la même année un service postal
aérien fut organisé sur cette ligne.
L’expérience démontra la
possibilité d’exploiter commercialement des services d’aviation au
Congo. Cette mission fut confiée à la SABENA (Société anonyme belge
d’exploitation de la navigation aérienne) créée le 23 mai 1923.
La liaison entre le Bas-Congo et le Katanga était le premier objectif.
Une première section, Léopoldville – Luebo, fut mise en service au
début de 1925 et deux ans plus tard la ligne entière Boma –
Élisabethville couvrant 2 275 km était inaugurée.
Des lignes
secondaires furent mises en exploitation dans la suite et le service
postal tira le plus grand profit de toutes ces voies aériennes.
Cependant l’acheminement par paquebots du courrier d’Europe restait
relativement lent et l’on songea à créer une ligne aérienne entre la
métropole et la Colonie.
Le 23 mai 1930 est signée à Bruxelles la
convention franco-belge pour la liaison Belgique - France – Congo –
Madagascar et le 23 février 1935 Messieurs Cocquyt, Schoonbroodt et
Maupertuis, à bord de l’avion Edmond Thieffry de la SABENA
inaugurent la liaison postale régulière Bruxelles - Léopoldville d’un
développement de 7 700 km qu’ils parcourent en 5 ½ jours.
A
partir du 15 novembre 1935, la ligne intercontinentale est prolongée
jusqu’à Élisabethville sur 1 900 km d’où elle se poursuit jusqu’à
Madagascar par un service français Élisabethville – Tananarive.
De 1886 à 1887, la poste congolaise se limitait au service des correspondances ordinaires.
Son activité s’est étendue successivement au service des recommandés,
des colis-postaux ordinaires et assurés, des mandats-poste (1er
septembre 1893), des lettres et boîtes avec valeurs déclarées (1919),
des exprès postaux (1er septembre 1919), des petits paquets recommandés
(1er juillet 1928) et des chèques et virements postaux (1er mars 1930).
Un service de dépêches spéciales, fonctionnant depuis 1915, donne
aux particuliers installés dans une localité dépourvue de bureau de
poste le moyen d’expédier et de recevoir leurs correspondances sans
l’intervention de personnes étrangères à l’Administration des Postes.
Le tri des imprimés à Léopoldville vers 1925.